Dessiner, c'est aussi transposer, transfigurer et transformer pour transporter le spectateur à travers un regard différent sur la réalité qui nous entoure.
Comment le banal devient-il sujet d'exception ? Grâce à la sensibilité de l'artiste qui nous fait partager sa vision du quotidien. Un regard toujours passionnant et dépaysant !
Il n'existe pas seulement de "beaux et nobles" sujets dignes d'être dessinés : champs de coquelicots, bouquets de fleurs et paysages bucoliques largement déconnectés de la réalité ! Je préfère à cette séduisante esthétique du pittoresque les sujets moches, a priori sans intérêt pour celui qui ne sait pas les regarder. Ces choses "affreusement modernes" qu'ont ne voit même plus, abandonnées des regards et des désirs. J'aime dessiner et faire dessiner les choses simples de la vie de tous les jours : éviers encombrés, bordures de périphérique, paysages industriels et fils électriques...
J'ai entraîné Jade, 15 ans, dans ce délicat exercice de transfiguration du banal. Avec un sujet de taille : l'évier dégoûtant de mon atelier ! Regardez bien comment quelques coups de pinceau et un peu d'aquarelle sanguine ont métamorphosé ma vieille paillasse en éblouissants jeux de matières et de transparences...
Evier, Jade B., aquarelle sanguine rehaussée à la plume
Et moi-même, j'ai passé un délicieux moment l'été dernier sur la plage de Fos sur Mer à contempler au soleil couchant les cheminées d'usine, les cimenteries et les raffineries de pétrole... Plus sympa que les champs de lavande !
Fos sur Mer, D. Priollaud-Stoclet, gouache
